Dossier de presse

LE THÉÂTRE DE L’UTOPIE DANS LA PRESSE MONTRÉALAISE

ENTREVUES

Cristina-Gorgos-Iovita“…la mission du théâtre n’est pas de montrer la voie, mais de lancer des questions et de laisser les gens penser par eux-mêmes.”
(Maude Garneau, Identité masquée, Entrevue avec Cristina Iovita, ICI, novembre 2007).
“ L’entrevue—une journée de pluie comme une pause de vérité après des éternités de canicule tardive—aurait pu prendre toutes les directions. S’attarder du côté de la révolution roumaine,…Ou du côté de la médiocrité et de la sottise régnant sur un régime corrompu, comme elle dit. Sur ses errances aussi: aux États Unis d’abord, puis ici, depuis cinq ou six ans, où elle a travaillé à l’École nationale…avant de créer sa compagnie, le Théâtre de l’Utopie.

Avec le recul, ce fut un peu tout cela, saupoudré de phrases et de bouts de souvenirs qui remontent. Et toujours à partir de cette passion, cette quasi-transe qui la saisit, physiquement presque, quand elle se met à parler du théâtre. de sa vision de metteur en scène créateur, de son sens du sacré, de cette géométrie spirituelle plus ou moins invisible qui est à la base de sa technique. Mais cela s’est d’abord articulé autour d’une question, une seule, qui l’a lancée en orbite. Pourquoi ressortir aujourd’hui Diderot de son tiroir? Et pourquoi porter à la scène Jacques le fataliste, un roman, alors que… La réponse vient, directe: Parce que Diderot est plus qu’actuel, il est à l’origine même de la modernité! Le contrat social, la démocratisation des idées, l’accessibilité des connaissances, la libération des moeurs, la révolution sexuelle, le féminisme, même les interrogations sur le théâtre et sur le comédien, tout cela est là dans Jacques le fataliste…Ce texte m’a trouvée. Par sa grande liberté de narration et aussi par la possibilité qu’il m’offre d’appliquer mon système.

Le système Iovita, justement, repose sur ce que le metteur en scène appelle l’improvisation hautement contrôlée…ces  improvisations hautement contrôlées surgissent à quatre ou cinq fois dans le spectacle, se greffant aux lazzis de toute sorte qui font de l’ensemble un tableau baroque composé de plusieurs petites farces insérées l’une dans l’autre comme une poupée gigogne…Mais, le point de départ est d’abord politique, précise Iovita, parce que ma démarche artistique est avant tout politique.
Politique, reprend la metteur en scène, dans le sens où Jacques…nous donne l’occasion de nous demander si l’histoire mène l’humanité ou si c’est le contraire.
Ça aussi c’est raffraîchissant. Avouons-le, le discours politique se porte plutôt court sur les scènes québécoises.

Et quelques dernières phrases qui claquent encore, quelque jours plus tard, comme des banderoles plantées sur les barricades, au front. Nous produisons sur scène des réalités éphémères qui doivent rejeter le système de réalité en place, sinon nous créons de la pollution…Le théâtre est une affaire de sensualité, le théâtre est dérangeant…Notre métier est de déchiffrer le sacré, de piéger l’impermanent.
(Michel Bélair, LE DEVOIR, Culture, 15 septembre 2002)

 

LÉONCE ET LÉNA: D’AMOUR ET DE RÉVOLTE...

Texte : Georg Büchner Mise en scène : Cristina Iovita Une production de l’Espace cercle carré et du Théâtre de l’Utopie.

Cristina Iovita est une metteure en scène qui a compris son métier en profondeur. Nous l’entendons, nous le voyons et nous le sentons dans son travail et en sa personne. « La jeunesse contemporaine n’a plus de cause pour lutter et c’est terrible de ne pas avoir de cause pour lutter », affirme Mme Iovita. Voilà globalement le thème abordé dans l’œuvre du Théâtre de l’Utopie qui réunit l’art de la marionnette, l’improvisation musicale et la création vidéo. Écrite en 1836, Léonce et Léna raconte l’histoire du prince héritier du royaume de Popo, Léonce, et de sa promise Léna, la princesse de Pipi, qui refusent de se marier et résistent aux valeurs établies. Les deux jeunes sont incompris et se révoltent parce qu’ils ne veulent plus vivre comme leurs parents. Ironie comique : dans la fuite, Léonce et Léna se rencontreront par hasard et s’épouseront malgré eux, mais en ayant recouvré leur liberté.

Dans cette pièce de théâtre sensuelle dépourvue de vulgarité, une fine ligne est tracée entre le comique et le drame. L’œuvre se démarque aussi par une authenticité qui rappelle les spectacles populaires d’autrefois (spectacles de places publiques, parvis de l’église, etc.). D’ailleurs, la petite salle choisie, l’Espace cercle carré, donne le ton et installe, dès le départ, une proximité avec le public. « Ne soyons pas chics! », dit Cristina Iovita. Le spectateur sent que quelque chose d’important lui sera dit; il ne s’est pas déplacé pour rien!Léonce et Léna a la fraîcheur de la jeunesse. La présentation de vidéos diffusant des manifestations populaires du Québec vient créer un pont entre la jeunesse de 1836 et celle d’aujourd’hui. Un pont entre le discours théâtral et le discours cinématographique, discours qui rappellent les idéaux de liberté qui se sont éteints sous le coup des restaurations en Europe et les manifestations étudiantes du printemps 2012 au Québec.

De plus, la compagnie l’Utopie, fondée en 1999 par Mme Iovita, est connue pour son style inspiré de la commedia dell’arte qui met de l’avant le jeu d’acteurs-improvisateurs. Les acteurs Érick Tremblay et Josée Lacombe interprètent magnifiquement les rôles des bouffons Valério (valet de Léonce) et de la gouvernante (de Léna). Leur humour, leur aplomb et leurs pirouettes dynamisent le jeu et transportent l’assistance. « Je voulais réinventer la soubrette traditionnelle », s’exclame Mme Lacombe. Et c’est mission accomplie.Règle générale, les acteurs offrent une prestation émouvante et généreuse. « Cristina a une confiance en chacun de ses interprètes », mentionne Frédéric Jeanrie (Léonce). De plus, même les néophytes du théâtre se sentiront interpellés par Léonce et Léna puisque plusieurs de nos sens sont stimulés : l’ouïe, la vue et même le toucher. La musique est jouée en direct par Ralph Denzer, un compositeur et interprète qui travaille depuis vingt ans sur la scène alternative new-yorkaise. Les costumes, inspirés de l’époque postnapoléonienne ont été confectionnés minutieusement et avec goût par Fruzsina Lànyi, une diplômée de l’École nationale de théâtre.

Et que dire des superbes marionnettes qui nous observent et représentent les automates, les personnages manipulés et manipulables : la Cour, le Peuple et les Institutions? Enfin, les acteurs distribuent des drapeaux et touchent certaines personnes ce qui stimule les sensations tactiles. Comme spectateur, on voudrait voir plus de théâtre comme Léonce et Léna de Cristina Iovita. On en ressort heureux et sereins… face à la vie, face à la mort!


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LE COSTUME NEUF DE L’EMPEREUR

Texte et mise en scène de Cristina Iovita d’après le conte de Hans Christian Andersen, co-diffusion avec le Théâtre Denise-Pelletier, Salle Fred Barry, mars-avril 2011.

Dans l’adaptation de Cristina Iovita, l’action se déroule dans l’empire du Jamais Vu. Et les deux représentants de l’empereur-le premier ministre et le ministre des tendances culturelles-se font les gardiens du bon goût et des bonnes idées. Étouffant le bon gros sens du ministre des finances, un dénommé Pantalon (très bon Érick Tremblay)... des artistes malhonnêtes (ou naïfs à l’excès) se succèdent à la cour...ce qui mène au coup des escrocs (Brighella et Truffaldin), à l’habit...invisible...personne dans l’entourage de l’empereur n’osera dire quoi que ce soit. On ne peut pas accuser le Théâtre de l’Utopie de ne pas avoir de l’imagination...

La domination des escrocs n’ étouffe pas le gros bon sens du peuple...mais tout se passe
dans la joie et la folie du jeu...que les accents lyriques de Pierrot ne font qu’auréoler...


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ACTUS REUS

Co-production Extempore Danse Montreal et Le Theatre de l ‘Utopie,
Transatlantique Montreal, septembre 2011, Festival de danse-theatre, Basle, 2011,
Festival de Tango argentin, Buenos Aires 2010.
Avec Noel Strazza et Pablo Pugliese
Co-direction : Pablo Pugliese et Cristina Iovita (Théatre de l’Utopie)
Costumes : Fruzsina Lanyi (Théatre de l’Utopie)
Lumières : Anne-Catherine Simard Deraspe (Théatre de l ‘Utopie)


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UN HAMLET ITINERANT AU RYTHME DE TANGO

Felicia Mihali.Terranovamagazine, 15 avril 2009

J’ai rarement vu un Hamlet qui ne nécessiterait pas de bonnes coupures, par-ci, par-là, disons dans les points essentiels. Avec Shakespeare, c’est ça le problème; on connaît trop le sujet, alors on s’intéresse uniquement aux astuces des productions pour nous révéler du neuf dans l’oeuvre du vieux Will. Les metteurs en scène les plus réputés résistent rarement à la tentation de s’attarder sur les célèbres dialogues et monologues des personnages… Ce fut l’idée de la directrice et fondatrice du Théâtre de l’Utopie, la metteure en scène Cristina Iovita, de sortir le prince de ses cadres solennels et de le faire jouer devant le public qui déguste sa bière. Spectacle ambulant dans plusieurs lieux connus, et moins connus de Montréal, cette pièce ne fait aucun rabais à l’art véritable.

Les pincées de commedia dell’arte et de rythmes de tango ne font qu’augmenter le mystère et le caractère toujours inusité de cette pièce où l’auteur mêle drame historique et histoire de fantôme…Dans un décor extrêmement maniable, qui se transforme tour à tour en château, chambre nuptiale, alcôve, salle de théâtre, les scènes s’enchaînent dans un rythme soutenu. Pas de silence, pas de temps mort dans ce va-et-vient entre la vie et la scène, le réel et l’imaginaire. Car celui qui nous entretient est Horatio, qui s’oppose à ce que l’histoire de son ami tombe dans l’oubli. Le regard sur la tragédie de Hamlet est doublé par la mise en scène, par le jeu théâtral qui ne veut rien omettre et surtout ne rien prendre en dérision.
Horatio, ami et metteur en scène, veille à ce que Hamlet reste dans la mémoire de tous par son impossibilité d’accepter la trahison et par l’acceptation de son propre destin. … on remarque Philippe Lonergan et Érick Tremblay, qui passent facilement la frontière entre comédie et tragédie, entre vérité et faux-semblant. Leur talent quant à l’interprétation et la sobriété de leur jeu est à remarquer…
Horatio, ami et metteur en scène, veille à ce que Hamlet reste dans la mémoire de tous par son impossibilité d’accepter la trahison et par l’acceptation de son propre destin. … on remarque Philippe Lonergan et Érick Tremblay, qui passent facilement la frontière entre comédie et tragédie, entre vérité et faux-semblant. Leur talent quant à l’interprétation et la sobriété de leur jeu est à remarquer…
Martine Lalande et Marie Pascale trouvent une clé adéquate à leurs personnages, Gertrude et Ophélie. Beaucoup plus présentes sur scène que dans les représentations classiques, elles tentent d’offrir une touche féminine, même frivole parfois, au monde de crimes et d’intrigues ourdis par leurs compagnons. Martine est excellente surtout après les premiers moments de conquête amoureuse auprès de Claudius, son nouveau mari, lorsque la découverte du crime la rend faible, vulnérable devant la violence, le danger qui guette son fils Hamlet. De son côté, Marie-Pascale rend la folie d’Ophélie extrêmement crédible.
Pour les dix ans d’existence du Théâtre de l’Utopie, né en 1999, Bon anniversaire et longue route sur le chemin qui vous est propre.


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LE PÈRE LÉONIDA

De Ion Luca Caragiale, adaptation et mise en scène de Cristina Iovita
Avec: Thomas Perreault, Costa Tovarnisky, Érick Tremblay
Au MAI (Montréal, Arts Interculturels, 29 novembre-16 décembre 2007)

Maude Garneau, Identité masquée, ICI, novembre 2007

“ Dans un parallèle moins lointain qu’il n’y paraît, Cristina Iovita, directrice artistique du Théâtre de l’Utopie, rapproche les cultures roumaine et québécoise. En adaptant la pièce Le Père Léonida et la reaction de Ion Luca Caragiale, la metteure en scène d’origine roumaine a constaté d’étranges ressemblances entre les “Latins de l’Est” et les “Latins du Nord”. Portée par un jeu masqué et dans “une prose d’un réalisme poétique effréné” l’action se déroule dans la Roumanie du XIXème siècle, après la guerre d’indépendance. Dans un contexte de profonde confusion quant à son identité et à ses idéaux post-indépendantistes, le people se perd entre la lecture des journaux et la démagogie des politiciens… Dans le but avoué et ironique de créer un spectacle des plus multiculturels, Cristina et son équipe de comédiens ont ajouté un prologue qui “invite à un voyage sur Wikipédia pour comparer les réalités historiques des deux pays.”Devant cette courte conférence le public entrera en contact avec les informations parfois douteuses et incomplètes de l’encyclopédie populaire du XXI ème siècle…
Critique sociale et politique, le spectacle du Théâtre de l’Utopie pose un regard à la fois ludique et cinglant sur le vide entourant la quête identitaire, sujet d’actualité en ces temps d’accomodements raisonnables…Cristina Iovita qui n’a jamais reçu une seule subvention (pour les productions du Théâtre de l’Utopie, n.réd.) depuis huit ans de pratique théâtrale, poursuit sa route: “Rentable ou pas, (l’art théâtral) n’est pas inutile parce que la mission du théâtre n’est pas de montrer la voie, mais de
lancer des questions et de laisser les gens penser par eux-mêmes.”

Lyne Crevier, S’agiter, ICI, décembre 2007

“Sur scène le décor se résume à un lit, une commode et une armoire. Et un trio d’acteurs (Thomas Perreault, Costa Tovarnisky et Érick Tremblay n.réd) qui défend énergiquement cette bouffonerie écrite par le compatriote d’Eugène Ionesco, le dramaturge Ion Luca Caragiale, docteur és farce. La production a été adaptée et mise en scène par Cristina Iovita, fondatrice du Théâtre de l’Utopie qu’elle maintient en vie , et ce, sans subsides, depuis 1999…
“Cette pièce de Caragiale a été créée au XIXème siècle, dans un contexte où la Roumanie, nation officiellement indépendante en 1878, voyait se réunir la Moldavie et la Valachie en un État unique. La question identitaire reste alors entière. Et l’auteur en livre un pamphlet où la petite bourgeoisie est mise à mal. Féroce, touffu, débridé, son réquisitoire frise le grotesque…Cependant, le prologue établit des parallèles…entre l’ancienne Roumanie et le Québec d’aujourd’hui. Ainsi discours politiques et informations diverses tirées d’Internet alimentent la thèse du multiculturalisme (médiatique) à l’ordre du jour de la Commission Bouchard-
Taylor…Dans la dénonciation de l’hypocrisie dirigeante ou de la sottise des bienpensants écervelés…la bonne humeur… règne sur scène et dans la salle. Danses folcloriques, pantalonnades et masques sont de la fête. Et, fait à noter, les rôles féminins sont campés par des acteurs dont Costa Tovarnisky, incarnation de la Commedia dell’Arte, pétillant d’inventivité.
Vraie farandole d’imbéciles heureux!


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MUNDO TANGO

Scénario et mise en scène de Cristina Iovita !
Librement inspiré des oeuvres de Jorge Luis Borges et Rodrigo Garcia

Josée Bilodeau, L’IDENTITÉ, Mundo Tango, avancée à deux temps au coeurs des mythes argentins, ICI, 1er mars 2007

Mundo Tango (…) a été conçu avec la technique du collage et toutes sortes d’écriture ont servi à réaliser le scénario: danse, cinéma, poésie, théâtre et musique. Un montage de poèmes et de récits de Borges évoquant un Buenos Aires mytique est opposé à la pièce de Rodrigo Garcia, qui est en fait un long monologue iconoclaste, adressé à Borges, et qui tente de démolir un à un les mythes et les symboles créés par le grand poète. Entre ces deux discours, il y a le tango, la “danse-combat” sans doute la représentation la plus universelle de l’identité argentine. “ La danse, à mon avis, lie ces auteurs et, par le corps, prend le dessus, je dirais, sur la parole. Elle est plus puissante. Mais la démonstration est quand même là, c’est le théâtre qui est là, la forme la plus compréhensible parce qu’il comprend tout.” Un court-métrage, réalisé par Valérie-Jeanne Mathieu et inspiré des didascalies du texte de Garcia, des “Actions tristes qui accompagnent la pièce”, fait également partie de cette illusion théâtrale “ qui se multiplie avec la panplie des moyens”. Après tout, le théâtre est la forme d’art qui a, de tout temps, utilisé autant les différents modes d’expression que sont la musique, la danse ou la pantomime, que les technologies de pointe. En opposant deux générations de créateurs, la pièce soulève l’importante question de l’engagement social de l’artiste, de son rôle de phare, de modèle dans la construction d’une identité collective. “ On discute beaucoup de l’identité ces jours-ci, surtout en période électorale, constate Iovita. Cette identité me préoccupe. Je suis très consciente d’être et de rester une métèque. Ce n’est pas facile de s’intégrer. Qu’on le veuille ou pas, on va toujours être étranger. C’est ce que Borges dit aussi. Mais je trouve que la discussion ici se passe en dehors du concept de la patrie que Borges, lui, ramène (…) justement quand il parle du tango. Il dit que les mythes de son pays se trouvent dans cette expression populaire (…) Le peuple a donc le sentiment de l’identité. Il reste alors aux poètes et aux intellectuels de préciser d’autres traits, d’autres connotations de cette notion. Mais le fait que ça existe à deux niveaux, c’est une chose qui nous aide à vivre et à garder le sentiment d’une identité personnelle.”

Jade Bérubé, ZINC 6, Arts, lettres & culture, Automne 2005

“La metteure en scène Cristina Iovita est probablement l’une des figures les plus dissidentes du milieu théâtral québécois. La raison en est simple: elle s’attaque directement au système de subvention établi, qui octroie des bourses aux projets de théâtre susceptibles de mériter un soutien financier pour la pertinence de leur démarche. Or ce système,…favorise selon elle une création discontinue, où plusieurs objets théâtraux souvent hétéroclites ne trouvent écho nulle part. Il en résulte une culture morcelée incapable d’autoréflexion. Les équipes de création se formant et se déformant au rythme des productions, les artistes à la recherche de travail migrent de projet en projet, se donnant au plus offrant, laissant de côté toute loyauté à une idée. Le désir de reconnaissance prend alors le dessus sur la véritable raison qui les avait menés à l’art (le besoin d’une prise de parole publique) et l’on se retrouve avec ce que Iovita appelle les nouveaux mercenaires artistiques…
Autrement dit, l’artiste se retrouve en éternelle adaptation et freiné dans son perfectionnement. Comment, toutefois, le blâmer de transposer la notion de consommation jetable jusque dans son engagement professionnel?... Il s’agit de penser autrement, ce que Iovita s’efforce de faire comprendre au milieu théâtral québécois à coup de diatribes…
…l’histoire du théâtre nous apprend…que les troupes permanentes s’inscrivent souvent dans un mouvement préparatoire à un bouleversement social. Encore faut-il que les artistes aient un espace de réflexion sur l’organisation de leur cité, ce qu’ici leur emploi du temps divisé en contrats de travail divers ne leur permet pas d’avoir.
….
La proposition de Iovita est simple quoique dérangeante. Selon elle le soutien de l’État doit revenir davantage aux troupes qu’aux projets.

Or c’est la définition du rôle même de l’artiste que remet en cause Iovita par ses revendications.”

Matt Radz, GAZETTE THEATRE CRITIC, No missteps in daring, original Mundo Tango,The Montreal Gazette, Arts, March 7th 2007

“ Tango is to Argentina what hockey is to Canada: the DNA of national identity. It takes two to dance the former, and director Cristina Iovita’s Mundo Tango pivots on notions of duality in its sizzling exploration of national character and the artist’s role in shaping its contours. What’s myth and what’s history? And is there a difference? These are the central questions in Théâtre de l’Utopie’s 10th production since 1999 by the Romanian trained director. Typically daring, original and literate, the piece (running at MAI until March 17) blends various forms of narrative-poetry, theatre, music, film and of course dance, specifically the tango, performed with breathtaking precision by two of its international stars, Noel Strazza and Tomas Howlin. The text, by Iovita, is adapted from the magic-realist works of Jorge Luis Borges and the theatre pieces of Rodrigo Garcia. The play opens as Borges, a crusty classicist famously preoccupied with notions of his own double, his other self, ponders his Argentine heritage from the viewpoint of an exile. Brilliantly characterized by Marcelo Arroyo, Borges expresses his belief that authors should dwell in the past, the one sure way to avoid damaging their credibility by writing about the more easily verifiable now. This is anathema to angry young homme de théâtre Garcia (played with great urgency by Mathieu Bourguet) who believes an artist has a duty to be socially engaged in the here and now. The combat aspect of tango, which punctuates the piece and serves as commentary, echoes the ideological conflict between the aristo Borges and Garcia, the poet of Buenos Aires streets, just as it signifies their common tribal identity. Strazza…choreographed the dancing, which will thrill the aficionados and come as a revelation to those not in thrall to tango’s sensuous charms.Tango is a battle, but it moves to the beat of “one heart with four legs”…Original music for the multimedia piece was composed by Benoît Rolland. Valérie-Jeanne’s film made for the production acknowledges Garcia’s works as it winks at Buñuel and Almodóvar. An absolute must-see, Mundo Tango is the first part of l’Utopie’s stage diptych probing American identity. Part 2 will focus on North America. We can hardly wait.”

Maxime Catellier, Les yeux des mains, Le Théâtre de l’Utopie propose au MAI une pièce baroque et bouillante comme l’Argentine, ICI, 8 mars 2007.

“C’est une petite salle méconnue, rue Jeanne Mance, dans le décor enchanteur de ce qu’on appelle le ghetto McGill. Un café accueillant en guise de vestibule, et une salle dont la promiscuité joue en faveur des pièces audacieuses qui s’y jouent. C’est le cas
de Mundo Tango, une étourdissante virée dans l’univers de Jorge Luis Borges et Rodrigo Garcia. De prime abord, la  scénographie enchante par sa simplicité désarmante.
Un long S de bois en guise de passerelle, quelques panneaux de tissus changeant selon l’éclairage, et des chaises accrochées au plafond. Et la chaise de l’aveugle, où Borges fera halte pour nous raconter sa vie, passée et à venir, dans une interprétation très juste de Marcelo Arroyo. Son récit sera ponctué par le tango époustouflant de Tomas Howlin et Noel Strazza, qui vont et viennent dans un chassé-croisé insufflant rythme et sensualité aux souvenirs invisibles du vieil homme qui voit maintenant avec ses mains. Le Buenos Aires mythique est échafaudé avec beaucoup de talent par Marcelo Arroyo, livrant les textes de l’auteur, brillamment adaptés par la metteure en scène Cristina Iovita. Le grand mérite de cette incursion dans l’univers de Borges est certainement l’apparition, en milieu de parcours, du jeune poète Rodrigo Garcia, qui en a assez du portrait imaginaire de sa ville que le vieil Argentin brosse avec paresse. Incarnant ainsi le poète révolté contre les figures tutélaires de son siècle et de son pays, l’interprète Mathieu Bourguet nous livre une solide performance qui vient ouvrir les perspectives. Au lieu de garder sur son piédestal Borges l’intouchable, la mise en scène de Iovita fait se fracasser deux visions du monde et donne ainsi à sa pièce un souffle nouveau. Décidément, c’est le duo de tango, métamorphosé dans cette partie en spectateurs amusés de la crise du jeune poète Rodrigo Garcia, qui confère à l’expérience de Mundo Tango une originalité sans commune mesure avec le théâtre traditionnel. Le rôle de Noel Strazza, caricatural dans le sens noble du terme, fera rire aux larmes les plus sceptiques.”

Alexandre Cadieux, Échos d’Argentine, LE DEVOIR, 8 mars 2007.

“ Sensuel et hypnotique, le tango est le point de rencontre de deux individualités farouches et pourtant enlacées, un corps à corps sauvage qui requiert pourtant une écoute et une complicité de chaque instant….Cette création multidisciplinaire (Mundo Tango) propose donc un duel entre l’auteur Jorge Luis Borges et l’homme de théâtre Rodrigo Garcia. L’affrontement attendu autour du thème de l’identité ne se fera pourtant qu’en différé. Borges et Garcia nous livrent en effet leur plaidoyer chacun leur tour sur la scène du MAI, où ils ne font finalement que se croiser(…) Mundo Tango propose ainsi d’entendre deux voix singulières et captivantes mais qui ne s’enlacent pas avec fureur comme les danseurs de tango.”

Daphné Angiolini, Conflit de générations, Quand mythe et contemporanéité s’affrontent, VOIR, 8 mars 2007

“ Après avoir présenté des spectacles de Diderot, Platon ou Tchekhov, le Théâtre de l’Utopie propose-pour sa dixième création- un collage de textes qui s’inspire du récit L’Autre, dans lequel l’auteur et poète Jorge Luis Borges –alors vieux et aveugleimagine une rencontre avec l’homme qu’il était à 20 ans. Le spectacle, intitulé Mundo Tango ou l’Amérique au corps, puise également sa source dans la pièce Borges de Rodrigo Garcia. Il s’agit de la première partie d’un diptyque consacré aux identités américaines. Cristina Iovita, fondatrice du Théâtre de l’Utopie, scénariste, adapte et met en scène une rencontre entre ces deux poètes unis par leurs racines, mais séparés par le temps qui passe. Le mythique et vieillissant Jorge Luis Borges (Marcelo Arroyo), une canne à la main, doit donner une conférence sur Buenos Aires. Dans les heures qui précèdent l’événement, il réfléchit à sa jeunesse, évoque et ressuscite les mythes de l’histoire argentine, glorifiant les idées et la spéculation au détriment du quotidien. (…) Puis, vient la réplique cinglante et caustique du jeune Rodrigo Garcia (Mathieu Bourguet) qui ne jure que par la réalité contemporaine des choses, peste contre les références culturelles “des vieux poètes décorés”et met Borges au défi de s’ancrer dans la vie. Il se dit lui-même “le porte-parole d’une génération de perdants” et illustre ses propos à l’aide d’un courtmétrage qui se veut une ode à la réalité ordinaire. (…) Le monologue de Garcia est également ponctué des interventions rigolotes d’un jeune couple qui, mêlé au public, passe des commentaires (en espagnol! à propos des idées qu’avance Garcia. (…) À travers ces deux monologues, un couple de danseurs (Tomas Howlin et Noel Strazza) s’enlace sur un air de tango, art argentin qui défie le temps…”


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LE MISANTHROPE OU MOLIÈRE EN HIVER

adaptation de Cristina Iovita d’après l’oeuvre de Molière
Briser la glace de Mathilde Singer,VOIR, Arts de la scène, mars 2006

“En transposant l’action du Misanthrope dans le décor hivernal d’une patinoire, le Théâtre de l’Utopie a su tirer pleinement parti de l’espace original du Bain St.Michel…Dès les premières minutes, la metteure en scène Cristina Iovita nous plonge dans au coeur de l’intrigue du Misanthrope: Alceste, un jeune homme intransigeant, refuse d’entrer dans le rang et de participer à l’hypocrisie généralisée qui règne à la cour. Poussée hors de son décor traditionnel, à l’extérieur, loin des salons conventionnels, la pièce de Molière, balayée par le vent d’hiver, semble animée d’un nouveau souffle.”

Misanthrope on wheels by Matt Radz, The Gazette, March 2006

“ Doing something different with an oft-performed classic without destroying its original spirit, or the author’s intent, is a tricky theatrical feat that eludes most directors. Attempts to freshen up shop-worn material can be horryfying, as in Lewis Furey’s musical rewrite of Shakespeare’s Anthony and Cleopatra at Théâtre du Nouveau Monde…Director Cristina Iovita straps Rollerblades on Le Misanthrope and not only gets away with it, her show skates around all the usual pitfalls of radical re- interpretation…Thanks to the director’s prodigious imagination, attention to technical details and precise control of a startingly unconventional theatrical space, Iovita’s original take on Molière’s masterpiece glides smoothly into the playgoer’s favour.”

Critique de Geneviève Germain, MonThéâtre.qc.ca mars 2006

“Sous l’orchestration de la metteure en scène Cristina Iovita, la pièce Le Misanthrope prend une nouvelle forme: celle d’une histoire où virevoltent les acteurs, lesquels sont munis de patins à roues alignées, voulant ici rappeler un paysage d’hiver. C’est en effet un univers froid d’hypocrisie que croit évoluer le personnage d’Alceste (Dominic Darceuil), un monde dans lequel les gens se complaisent à camoufler la franche vérité…Fait intéressant à remarquer pour ceux qui sont moins habitués à la rime de Molière, une courte paranthèse à la fin de la pièce résume l’intrigue en langage bien contemporain. À découvrir.”


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CE FOU DE PLATONOV

adaptation de Cristina Iovita d’après l’oeuvre de A.P. Tchekhov
Ana Gregorian, VOIR.CA-Montréal-Arts de la scène-Ce fou de Platonov

"Ce fou de Platonov" est un spectacle unique à ce sens-là que la scène envahit le théâtre et que le public est impliqué de manière directe à l'histoire, dès le début et sans répit jusqu'à la fin de la représentation ou Miracle! c'est l'acteur principal qui se fait ejecter, chasser, bannir de l'espace de jeu et non pas le spectateur "ordinaire"comme il se doit, quand l'illusion scénique s'éteint avec les lumières de la rampe. "Ce fou de Platonov" est unique à cela que la comédie humaine touche à la tragédie sans crier gare, en douceur, comme au quotidien où les apparences frivoles cachent l'inexorable fin qui nous attend. Il est rare qu'on aille au théâtre pour "vivre" côte a côte avec les acteurs, ces monstres sacrés, une histoire exemplaire, qu'on puisse parler directement au personnages, qu'on puisse "jouer" avec eux la comédie de la "foule" qui témoigne d'un scandale ou d'un crime pasionnel- tout ceci est possible en compagnie de "Ce fou de Platonov".
Il est rare qu'on aille au théâtre, a Montréal à tout le moins, pour participer a une expérience collective, là est l'unicité de ce spectacle, sa valeur d'événement dans la monotonie esthétisante qui nous submerge depuis des années. "Ce fou de Platonov" ne fera pas son chemin dans aucun festival, ne sera pas reconnu comme une expérience majeure du théâtre québécois et pour cause, il ne ressemble à rien de ce qui se produit par ici avec grand fracas de clichés publicitaires, il estnouveau, frais, inquiétant, fulgurant, jeune et vif comme la jeunesse et la jeunesse n'est pas de mise ces jours-ci a Montréal parce que vive, inquiétante,etc. Et "rose" il vivra ce que vivent les roses, l'espace d'une semaine. Allez le voir, vous ne le regretterez pas!


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LA PARLERIE DES MERCENAIRES OU PHILOSOPHES ET GUERRIERS

adaptation de Cristina Iovita d’après Ruzante et Platon
Stéphane Despatie, VOIR, Théâtre, janvier 2005

Dans le style de la Commedia dell’Arte les comédiens chantent, jouent de la musique, courent et se battent en une espèce de cirque qui semble ne jamais vouloir se calmer, malgré les joutes verbales et les discours.
Comme Cristina Iovita l’a souvent fait dans ses mises en scène-pensons à sa remarquable adaptation de Jacques le fataliste en 2002- les comédiens n’hésitent pas à interpeller la salle et à improviser quelques lignes, si la situation l’exige…La Parlerie place le paysan à l’avant-plan et c’était ça, surtout, la nouveauté de Ruzante à son époque. Iovita a su mettre en scène tout le côté social de cet auteur qui, bien qu’ayant exposé la tragédie et la condition des paysans, donnait surtout dans l’esthétisme et la philosophie au sens large. Avec cette mise en scène, les grandes idées politiques semblent émaner de situations concrètes. On reconnaît là les préoccupations et la signature d’Iovita et on oublie complètement les contradictions personnelles de Ruzante... pour réfléchir à des conceptes comme la démocratie.


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ROMANIA III DE CRISTINA IOVITA

adaptation de Cristina Iovita d’après Ruzante et Platon
Matt Radz, THE GAZETTE, March 31 2004

“Shockingly original, Romania III wrings truth from history… what impresses most in this new work by Cristina Iovita …is how clearly it articulates its authordirector ideas…in an original theatrical language so individualistic that it borders on exotic.”

Jade Bérubé, VOIR, mars 2004

Prendre le parti de ridiculiser sa patrie au risque de se ridiculiser soi-même, voilà qui ne manque pas d’audace. C’est le défi que relève Christina Iovita avec Romania III… Ce texte , Iovita l’a écrit en trois farces illustrant les grandes phases de l’avènement du communisme en Roumanie, soit la mort des idées, la révolution et l’exil…”

Liliana Nicoresco, Cahiers de théâtre JEU, décembre 2004

“ Après tant d’années, quand presque personne n’y pense plus, quand chacun essaie d’oublier, de guérir, de refaire sa vie- certains à l’étranger-, un texte splendide, magistralement mis en scène par l’auteur même et interprété par une jeune et extrêmement douée troupe québécoise, vient bouleverser la communauté roumaine de Montréal, et non seulement….Le texte de Mme Iovita n’est pas un procès rétroactif du système qui a détruit tant de rêves, tant de destinées, mais un témoignage sincère et émouvant, un cri de désespoir au nom de tous, et, au-delà de tout, un effort surhumain d’exorciser ce passé maudit par la
force du rire.”


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JACQUES LE FATALISTE

scénario de Cristina Iovita d’après Denis Diderot

Jacques le fataliste, Matt Radz, The Gazette, 27 sept 2002

“The production is so smart,so bright and attractive, it reminds us that whatever else theatre attempts to do to an audience- provoke it, educate or engage it to the point of dragooning some of its members onto the stage- the one thing it must never
forget is to delight…

Jacques le fataliste,Top Ten, Marie Labreque, VOIR , 19 déc. 2002

“…un spectacle vivant et baroque…on a particulièrement apprécié l’enthousiasme de la jeune distribution…

Jacques le fataliste, Sophie Pouliot, LE DEVOIR, 27 sept.2002

“Le public est même invité à prendre part à l’action théâtrale…à se prononcer sur la nécessité de la religion, la signification de la liberté…”


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RAPPORT À UNE ACADÉMIE

d’après Franz Kafka

Communication à une académie, Marie-Christine Blais, LA PRESSE, décembre 2000

“Cela s’appelle un grand moment de théâtre que celui que nous offre en ce moment le Théâtre de l’Utopie…une adaptation admirable, mêlant le drame (dans le texte) à la comédie (dans le jeu)…Quand depuis la dernière fois avez-vous vu le travail d’un metteur en scène en ayant le sentiment d’assister à la naissance d’une autre façon de faire le théâtre? Quand pour la dernière fois avez-vous réalisé que le théâtre engagé bien compris est indispensable ET accessible?
C’est une leçon de générosité, de rigueur, de don de soi, d’amour fou du théâtre, de foi quasi aveugle en cet art, de respect et d’estime du public, de nécessaire réflexion sur la condition humaine.”

* Extraits 2000-présent

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